enferrer

enferrer

enferrer [ ɑ̃fere ] v. tr. <conjug. : 1>
XIVe; enferer v. 1170 « garnir de fers »; de en- et fer
1Rare Percer (un adversaire) avec le fer de son arme.
2 ♦ S'ENFERRER v. pron. Tomber, se jeter sur l'épée de son adversaire.
Fig. et cour. Se prendre à ses propres mensonges, ses propres pièges. s'embrouiller, s'enfoncer. « L'auteur oublie à chaque page ce qu'il vient de dire dans l'autre, s'enferrant lui-même dans ses propres raisonnements » (Michelet).

enferrer verbe transitif Percer quelqu'un avec le fer d'une épée.

enferrer (s')
v. Pron. Se jeter sur l'arme de son adversaire.
Fig., cour. Se nuire à soi-même; tomber dans son propre piège. Il s'est enferré dans ses mensonges.

⇒ENFERRER, verbe trans.
A.— Percer ou transpercer quelqu'un (plus rarement un animal) avec le fer d'une arme blanche. Ces novices qui, dans le duel, vous enferrent d'emblée avec l'épée (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 2, 1844-64, p. 432). L'heure où l'on enferre La gorge ouverte d'un passant (RICHEPIN, Bombarde, 1899, p. 172).
Emploi pronom.
1. réfl.
a) Emploi abs. Il se précipita sur Ménuel et s'enferra de lui-même (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 152).
b) S'enferrer sur :
Mais enfin le chevalier, qui a mis pied à terre, s'est placé sur un sentier par où la bête arrivait : il s'arcboute contre un chêne, et l'animal, aveuglé de fatigue et de fureur, vient s'enferrer sur son épieu, qui le traverse du garrot aux entrailles et dont la hampe, sous la violence du choc, vole en éclats.
FARAL, La Vie quotidienne au temps de St Louis, 1942, p. 37.
2. réciproque. Ils se sont enferrés l'un l'autre (Ac. 1835-1932).
B.— Au fig., usuel, en emploi pronom. réfl. S'enferrer dans. S'aventurer imprudemment dans une situation d'où l'on ne peut plus se dégager. Synon. s'enfoncer, s'embarrasser, s'embrouiller. Ils s'enferrent dans leurs mensonges, ils se dupent eux-mêmes avec aplomb (FLAUB., Corresp., 1853, p. 354). S'enferrer dans un mensonge dont il ne voulait plus (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 57).
P. métaph. Ces deux hypocrites se trahissaient et chacune s'enferra dans le stylet de l'autre (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 78).
Rem. On rencontre le dér. enferreur, subst. masc. Celui qui enferre. L'animal laisse jaillir son sang d'un jet gras comme le bras, il perd ses forces aussitôt et tombe aux pieds de l'enferreur (VIALAR, La Grande meute, Paris, Denoël, 1943, p. 225).
Prononc. et Orth. :[] ou, p. harmonis. vocalique, []; (j')enferre []. FÉR. Crit. t. 2 1787 et GATTEL 1841 soulignent qu'il faut prononcer ,,r forte``. FÉR. 1768 transcrit [RR] double. Enq. : // (il s')enferre. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « transpercer quelqu'un » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3767 : sont englaivé et anferré); en partic. fig. 1637 pronom. « tomber soi-même dans ses propres pièges » (CORNEILLE, Galerie du Palais, IV, 2); 2. 1812 technol. « placer des coins de fer » (BOISTE); 3. 1901 pêche (Nouv. Lar. ill.). Dér. de fer; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :60. Bbg. ROG. 1965, p. 95.

enferrer [ɑ̃feʀe] v. tr.
ÉTYM. XIVe; enferer « garnir de fers », v. 1170; de en-, fer, et suff. verbal.
Rare.
1 Traverser, percer (qqn) avec le fer de son arme. || Enferrer son adversaire.
2 Techn. || Enferrer un bloc de pierre, d'ardoise, y enfoncer des coins de fer pour le débiter.
——————
s'enferrer v. pron.
1 Rare. Tomber, se jeter sur l'épée de son adversaire. || S'enferrer jusqu'à la garde.(Récipr.). || Ils se sont enferrés l'un l'autre.
1 Quand elle s'enferrerait d'elle-même par désespoir en voyant son frère l'épée à la main (…)
Corneille, Examen d'Horace.
2 Fig., cour. Se prendre à ses propres mensonges, ses propres pièges. Embrouiller (s'), enfoncer (s'), nuire (se). || Il essaya de se justifier mais ne réussit qu'à s'enferrer.(Avec un compl.). || Il s'est enferré dans ses contradictions, dans ses mensonges.
2 Tu t'enferres, Aronte, et, pris au dépourvu,
En vain tu veux cacher ce que nous avons vu.
Corneille, la Galerie du palais, IV, 2.
3 (…) l'auteur oublie à chaque page ce qu'il vient de dire dans l'autre, s'enferrant lui-même à l'aveugle dans ses propres raisonnements (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. I, p. 440.
DÉR. Enferreur.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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